Critique IN - En transit : un espace temps qui nous échappe un peu
On est à Marseille. A l’aéroport. Dans un espace très lumineux et aseptisé, des voyageurs attendent leur visa pour partir dans un pays étranger. Face à eux un agent représentant de l’administration et de ses procédures labyrinthiques, et un avocat censé les accompagner mais qui semble jouer un double jeu. Plus les protagonistes se maîtrisent, plus on est à cran dans le public. Il faut dire que cela s’éternise, qu’on a l’impression de voir la même scène démultipliée à l’infini, la situation se répétant sans cesse, les réponses aux questions ne variant pas et les projections en gros plans des visages augmentant le stress. La pièce d’Amir Reza Koohestani retransmet bien la violence qui règnent dans ces zones de sas où l’on ne dépend plus d’aucun pays ni d’aucune loi. Dommage cependant qu’il complique le message en brouillant les époques : En transit s’inspire en effet du roman d’Anna Seghers, Transit, sur des réfugiés qui fuient le régime allemands en 1940 pour une terre de liberté. Si l’idée de faire intervenir des personnages du livre est intéressante, elle apporte une dimension romanesque déplacée dans une réalité très prégnante pour nous tous.
Hélène Chevrier
En transit, texte Amir Reza Koohestani, Keyvan Sarreshteh, avec Danae Dario, Agathe Lecomte, Khazar Masoumi, Mahin Sadri
Gymnase du Lycée Mistral, 20 boulevard Raspail 84000 Avignon, à 18h jusqu’au 14 juillet