Critique Off - Prélude – une performance éreintante

Que dire de Prélude, ce ballet du chorégraphe Kader Attou, qui fut un emblématique directeur de Centre Chorégraphique national de La Rochelle de 2009 à 2021. Il y raconte sa vie et sa rencontre salvatrice avec la danse. Créé en 2022 et repris ici à la Scala, Prélude commence comme un feu d’artifice, mélange de musique classique et de danse contemporaine où l’on perçoit déjà l’énergie et la rage du hip hop. Mais le bonheur s’arrête justement à ce prélude. Car ensuite, on bascule dans ce qui deviendra la vie de ces danseurs, c’est-à-dire une musique frénétique, séquencée et répétitive pendant près d’une heure trente. Voir les 9 danseurs redoubler sans cesse d’énergie pour suivre ce qui semble ne jamais devoir s’arrêter tient autant de la performance que de la torture. Si cette musique de Romain Dubois libère un imaginaire exaltant au début, et diffuse une profusion d’images, le motif qui ne cesse de se répéter finit par user et nous essorer comme une lessiveuse. Notre imaginaire en expansion se rétracte, le rythme trop répétitif bloquant toute possibilité de rêver. On se sent même aliéné et prisonnier d’une forme d’addiction. Ce qui est peut-être révélateur de nos vies indexées sur la performance et qui nous enjoignent de tenir des rythmes de plus en plus inatteignables. Une performance hors normes donc mais éreintante.