Critique Off - Le Malade imaginaire - une pièce d'aujourd'hui

Tigran Mekhitarian n'a pas seulement pris le nom de la troupe de Molière, sa compagnie s'appelant aussi l'Illustre théâtre, il redonne du pep's aux pièces de son maître. Sa version du Malade imaginaire en est un exemple remarquable. Créée aux Bouffes du Nord puis reprise au théâtre de la Concorde, elle est donnée au Chêne Noir pendant le festival. Et c'est un régal. Exit le vieux barbon de 100 ans qui traîne ses douleurs imaginaires, Argan est ici jeune, beau, chic dans son costume vert, mais mal en point. Il passe sa vie dans ses toilettes à ingurgiter des cachetons, à s'injecter des lavements. Une vision qui fait aussi écho à notre consommation de produits en tout genre pour nous booster et rester jeunes. Bien dans l'air du temps, ce malade moderne règne en patriarche sur sa famille et choisit à la place de sa fille un gendre qui lui convient, un futur médecin pour profiter de ses ordonnances… Le texte se marie admirablement avec la mise en scène et le jeu moderne des comédiens. Rythmée par la musique et des intermèdes chantés, la pièce fait peau neuve et nous raconte notre quotidien. C'est remarquable.