Critique Off. Fête des mères - Névroses familiales
Les mères sont à la fête cette année dans le Off. On célèbre leur courage, on leur rend hommage, on les évoque, pour le meilleur comme pour le pire, en leur absence. "Ma mère, ou plutôt, la mère, un sujet universel", clame Louise (Adèle Royné). Dans Fête des mères, comme dans Le Grand jour, la mère est absente, et pourtant il n’est question que d’elle, ou presque… L’héroïne a délaissé les maths (étudiés en Maths Sup et Maths Spé) pour le stand-up, doublé d’un boulot de pionne "dans un lycée d’une banlieue de merde" (sic). Centre de ses préoccupations, inépuisable source d’inspiration, Violaine, sa génitrice. A-t-elle un père ? On n’en entendra jamais parler… De retour dans la maison familiale après trois mois de rupture, voilà Louise dans le Perche pour célébrer à la fois la fête des mères et son anniversaire. A ses côtés, ses frères Gabriel et Ziggy. Le premier -consultant en on ne sait quoi, féru de psychanalyse et de conclusions de phrases- est accompagné de son conjoint Arthur. Le second -après un passage par les Compagnons du devoir, la sociologie, le dessin et toujours en quête d’une place, d’une voie- est lui venu avec sa compagne, Florence. De fil en aiguille et de coupe de crémant en coupe de crémant, de considérations métaphysiques sur la psychanalyse en discussions de comptoir sur les cordonniers et les acteurs, de confidences en blagues débridées, tout ce petit monde s’enivre allègrement et se livre à cœur ouvert. Reprenant le titre Fête des mères, Adèle Royné s’amuse à le détourner La mère défaite ou La merde est faite. Façon de dire qu’on va bien rigoler, mais pas seulement. Sous la comédie, les failles. Miroir tendu dans lequel chacun des spectateurs reconnaîtra ses propres névroses familiales, cette tragi-comédie est allègrement troussée et servie par une troupe d’acteurs épatante.
Nedjma Van Egmond
Dans le OFF
Fête des mères, d’Adèle Royné, mis en scène en collaboration avec Guillaume Vincent, avec Aubin Hernandez, Florence Janas, Cyril Metzger, Adrien Rouyard, Adèle Royné.
Théâtre du Train Bleu, jusqu’au 21 juillet
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