Critique In - EXTINCTION : un message répété jusqu’à la gueule de bois

Le nouveau spectacle de Julien Gosselin, révélé en 2013 à Avignon par une adaptation très réussie des Particules élémentaires de Houellebecq, nous plonge pendant cinq heures dans la propension à l’autodestruction de la civilisation occidentale. Constitué de trois parties, il agrège des œuvres très différentes. On commence par une heure de Rave Party où le public est convié à boire des bières à volonté, à danser ou à déambuler au sein du Lycée Saint-Joseph où est donné le spectacle. Des caméras suivent les échanges de deux amies qui s’extraient de cette fête. On apprend que l’une d’elle doit donner le lendemain une conférence sur la décadence de l’art. Quant à l’autre, elle va jouer dans ce qui fera la seconde partie, c’est-à-dire un assemblage de textes de Schnitzler et de Hofmannsthal où on retrouve La nouvelle rêvée (qui a inspiré le film Eyes Wide Shut de Kubrick), ou Mademoiselle Else refondus dans un dîner décadent qui a lieu en juin 1913, où les convives discutent d’art, de mort, mangent, boivent, se droguent et baisent au gré de leurs pulsions. En dernière partie, la jeune femme qui a assisté à la représentation, vient donner ses considérations sur un monde qui touche à sa fin auxquelles se mêlent rancœur et désespoir d’avoir perdu brutalement sa famille dans une adaptation du roman de Thomas Bernhard Extinction
Monumental de par l’installation du décor de la villa dans laquelle est donnée la fête de la seconde partie, exceptionnel grâce à la puissance de son interprétation, le spectacle se distingue aussi par le fait qu’on ne peut le voir qu’à travers des écrans vidéo, ce qui se déroule dans la villa étant invisible du public. Sans doute que ce choix d’imposer le point de vue de caméras aux spectateurs et de leur soustraire la liberté de regarder ce qu’ils veulent alimente le propos de Julien Gosselin sur la décadence de l’art. Chaque génération rêve de tuer la précédente pour bâtir son propre monde et on ne voit pas bien en quoi ce collage d’œuvres qui répètent cette idée fonderait une pensée philosophique différente sur la fin d’un monde. Le répéter n’augmente pas le propos. En revanche, cela nous donne la gueule de bois.

Hélène Chevrier
  
Extinction, d’après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler, mise en scène Julien Gosselin, avec Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Carine Goron, Zarah Kofler, Rosa Lembeck, Victoria Quesnel, Marie Rosa Tietjen, Maxence Vandevelde, Max Von Mechow.
Cour du Lycée Saint-Joseph, 62 Rue des Lices, 84000 Avignon, 04 90 14 14 14, les 7, 9, 10, 11 et 12 juillet, à 21h30




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