Critique Off. La femme qui ne vieillissait pas : magistrale - (7/07/21)
L’héroïne du roman de Grégoire Delacourt emprunte à Dorian Gray le mystère fantastique de sa jeunesse. Martine, qui s’est rebaptisée Betty, découvre à trente ans qu’elle ne vieillit plus. Mais là s’arrête toute comparaison supplémentaire avec le personnage mythique d’Oscar Wilde. Car l’apparence de Betty, si elle lui procure une jouissance bien compréhensible les premières années, et lui offre les ressources pour dépasser les drames qui ont jalonné son enfance à travers une sorte de compensation, finit par lui ôter toute chance d’inscrire son histoire dans le présent. En restant jeune, Betty s’éloigne des rivages de l’humanité, creusant l’écart entre son mari qu’elle adore et elle, brouillant le lien avec son fils chéri…
Françoise Cadol qui porte avec beaucoup de tact ce texte, puise en elle une candeur et une fraîcheur dont son personnage tire profit : la jeunesse inaltérable de Betty se mue au fil du texte en une beauté d’âme que le dénouement vient attester. Magistral.
Hélène Chevrier
La femme qui ne vieillissait pas, d’après le roman de Grégoire Delacourt, mise en scène Tristan Petitgirard, adaptation et interprétation Françoise Cadol
Théâtre La Luna, 1 rue Séverine 84000 Avignon, 04 90 86 96 28
Photo : La femme qui ne vieillissait pas © Dr