Critique Off : Dans le silence des paumes - Le livre de leur mère

"Dans ce salon sans souvenirs, nous avons glissé notre visage dans les mains de notre mère pour y pleurer". L’histoire commence, au moment où celle de leur mère s’achève. Deux frères, une sœur, l’aînée, se retrouvent chez Maryse Bosquet, 63 ans et redéroulent, chacun à leur tour, le récit de sa vie. Jeune femme tombée amoureuse -et enceinte- sans être mariée, donc répudiée par son père, prématurément veuve. Sa vie fut un long combat. Contre l’adversité, contre les rencontres toxiques, pour nourrir sa famille. A tour de rôle, les trois acteurs Loelia Salvador, Florian Pâque et Nicolas Schmitt incarnent leur mère-courage à différents âges, mais aussi tous ceux qui croisèrent sa route : famille, amis, amours, emmerdes (en la personne d’un patron toxique qui, peu à peu lui grignote le cerveau et le corps)
Conçu dans le cadre d’un projet avec la Poudrerie- Théâtre des Habitants de Sevran, écrit et mis en scène par Florian Pâque, Dans le silence des paumes a vu le jour à partir de témoignages recueillis auprès de travailleurs précaires et invisibilisés. Attentif au langage des corps qui racontent "les fatigues, les pressions, les accidents, le courage, la persévérance, la fierté, l'abandon, le déni, les combats."
Il s’est promené d’appartement en appartement pour une trentaine de représentations avant d’être présenté à Avignon, dans la même configuration. Un grand cercle de chaises. Quelques accessoires, trois fois rien : des lampes, un fauteuil, des bidons de produits ménagers. Les acteurs sont à portée de (paume) de main, à portée de voix, ils déroulent le fil de ce destin ordinaire avec puissance et une infinie délicatesse à la fois. Et font mentir l’idée que les gens sans histoires n’ont pas d’histoire…