Critique Off - KIT DE SURVIE EN TERRITOIRE MASCULINISTE : Uppercut

C’est une balade singulière, tour à tour paisible, grinçante ou violente. Derrière une guide, casque vissé sur les oreilles, vous arpentez les rues de la ville, loin du cœur battant du festival, au-delà des remparts. Le circuit vous conduit d’un tunnel aux abords du cimetière Saint-Véran, d’une paisible résidence à un square et interroge notamment le rapport à l’espace public selon qu’on est un homme ou une femme… L’histoire qu’on vous livre commence comme une adresse, se poursuit par un questionnement, puis vous plonge dans un sombre fait de société, qui a engendré une série de faits divers. Connaissez-vous la communauté « Incels », contraction en anglais de « involountary celibate », célibataire involontaire ? Masse sombre et souterraine, bouillonnante sur les forums et les réseaux, de jeunes hommes dont l’identité réside dans le fait qu’ils n’ont pas de sexualité. Pas assez beaux ? Attirants pour les femmes ? Rongés par l’amertume et le ressentiment envers la grande communauté des femmes et des hommes qui, eux, s’épanouissent dans une vie sexuelle, certains se sont mués en tueurs en série, au nom d’une idéologie. La douce plongée dans la voix des Foreigners « I want to know what love is », instant de répit arraché au désastre sera suivi du décompte macabre des victimes. Vous repartez avec votre livret « kit de survie en territoire masculiniste ». On a pioché le « pas très cool », noir tableau des incels qui s’achève sur ces mots « YOU WILL NEVER BE LOVED »… Le parcours s’achève. Déambulation-spectacle-manifeste qui cogne à l’estomac.

Nedjma Van Egmond

Avignon IN Avignon OFF Acheter le magazine papier  S'abonner à Théâtral