Critique OFF - Au scalpel : Opération à cœur ouvert
Mais pourquoi son frère frappe chez lui au beau milieu de la nuit ? se demande Bruno Salomone furieux d’être réveillé d’autant qu’il opère le lendemain et doit se lever tôt. Son cadet, Davy Sardou assure qu’il passait dans le coin et doit lui parler. Il n’en ont soi-disant pas eu le temps. On ne saura pas tout de suite de quoi il s’agit. Le plus jeune, photographe de son état, réclame un verre de vin blanc. Il ne l’obtiendra pas spontanément. Saisit un vase précieux qui trône sur l’étagère du salon (cossu, conçu par Emmanuelle Favre). Leur mère le lui aurait donné. Son frangin n’est pas d’accord. Dans sa pièce Au scalpel, l'auteur Antoine Rault, auquel le public doit notamment l’inoubliable Diable rouge avec Claude Rich, ne nomme jamais ses personnages. Il joue pourtant avec leurs nerfs ainsi que ceux des spectateurs intrigués. On pense forcément à Abel et Caïn. Les deux garçons évoquent leurs parents disparus, leur travail, les femmes qu’ils ont aimées. Surtout une que l’un des deux a épousée. Leur haine est palpable, à couper au couteau. Trop de silences et de mensonges les séparent. Chacun a mené son chemin sans beaucoup croiser celui de l’autre. Assisté de Stéphanie Froeliger, Thierry Harcourt orchestre d’une main de maître leur joute verbale, haute en cris et diatribes presque hystériques. A force de les voir s’agiter devant nous, on se dit que ces deux hommes sont des diables inspirés par Machiavel. Tous les coups tordus sont permis. Ils risquent d’en venir aux mains. Cela finira mal. Une fois n’est pas coutume, Bruno Salomone et Davy Sardou s’illustrent dans des costumes à contre-emploi. Leur tandem fonctionne à merveille.
Nathalie Simon
Au scalpel, d’Antoine Rault, mise en scène Thierry Harcourt, avec Davy Sardou et Bruno Salomone, Théâtre des Gémeaux 10 Rue du Vieux Sextier, 84000 Avignon, tél. : 09 87 78 05 58, www.theatredesgemeaux.com, jusqu'au 30 juillet et à partir du 30 septembre au Théâtre des Variétés, à Paris.