Critique IN - Iphigénie : massacrée
Tiago Rodrigues a vu dans le sacrifice d’Iphigénie par son père Agamemnon un parallèle avec notre époque où les décideurs abandonnent tragiquement la jeunesse. Il a pourtant réécrit une nouvelle version du mythe en laissant croire à la possibilité d’une autre issue que celle de la tragédie grâce à l’introduction du récit dans le texte : les personnages débutent leurs phrase par « je me souviens ». C’est précisément cette mise en perspective qui ravive l’espoir. Or la metteuse en scène Anne Théron qui s’empare de ce texte annule complètement cet effet avec une proposition très figée du mythe. Après une ouverture assourdissante évoquant une guerre très contemporaine, les personnages vêtus de noir occupent le plateau comme des robots et débitent en surarticulant leur texte, abolissant toute émotion. Anne Théron peine à donner une direction à ses acteurs qui semblent perdus dans l’espace. Et le très beau texte de Tiago Rodrigues ainsi massacré nous ennuie à mourir.
Hélène Chevrier
Iphigénie, de Tiago Rodrigues, mise en scène Anne Théron. Opéra Grand Avignon Place de l’Horloge à Avignon, 04 90 14 14 14, du 7 au 13/07