Critique Off - Les Subversives - Faire sororité


Elles vous accueillent en salopettes de jean, chemises de bûcherons, grosses chaussures de randonnée, vous tendent un collier de raphia avec un médaillon de carton et, pour chaque spectateur et spectatrice un nom différent. Suzie, Sue, Jasmin, Sunlight… Toutes sont les habitantes d’une communauté de femmes lesbiennes dans l’Oregon, dans les années 70. Chaque question de gestion quotidienne est l’objet de débats interminables et enflammés : pour ou contre l’achat d’une tronçonneuse, pour ou contre l’intervention d’un homme pour former à l’utilisation de cette tronçonneuse, pour la logique de l’efficacité ou l’écoute de la nature ? Pour l’utilisation du mot "séminaire" (de séminal, sperme) ou pour son remplacement par le mot "ovulaire" ? A grand renfort d’anecdotes, de mises en situation, d’exposition de photos d’archives ou de cartes du camp, on plonge de plain-pied dans ce modèle de vie égalitaire à l’écart du tumulte. Avant d’aborder, plus brièvement Les Béguines du Moyen-âge ou la Maison des Babayagas, rêve d’habitat partagé pour les femmes âgées à Montreuil. Plutôt bien documenté, le spectacle aborde trois cas d’utopies féminines et féministes devenues réalités, trois modèles de nouvelle société inspirants. Avec, pour incarner les différentes protagonistes, Tiphaine Gentilleau et Cécile Guerin. Si l’ensemble est instructif et plaisant, il survole plutôt brièvement ses thématiques et n’a ni la drôlerie ni la folie douce des précédentes créations des Filles de Simone, de l’enthousiasmant Derrière le hublot se cache parfois du linge au délirant Les secrets d’un gainage efficace.
Nedjma Van Egmond
Dans le Off
Les Subversives, création collective de Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau et Cécile Guérin, avec Tiphaine Gentilleau et Cécile Guérin. 11 Avignon, jusqu’au 24 juillet, 11h15