Critique In. Avignon, une école - Le festival à bonne école
C’est un joyeux livre d’images, émouvant et passionnant qu’on feuillette au cloître des Célestins avec la formidable promotion M de la Manufacture de Lausanne. Sous la houlette de Fanny de Chaillé, les quinze jeunes comédiens montés sur ressorts revisitent des "archives" du festival d’Avignon, ses grandes heures, ses heures sombres. Avec drôlerie, émotion parfois, une folle énergie, ils convoquent Jean Vilar et Gérard Philipe –"l’acteur de nos grands-mères"- et tous ceux qui ont fait les grandes heures des débuts, de Michel Bouquet à Maria Casarès, d’Alain Cuny à Jeanne Moreau. Mais aussi Pina Bausch et Rodrigo Garcia (After sun), Anatoli Vassiliev (Médée Matériau) et Thomas Ostermeier (Richard III), Béjart (pardon "Monsieur Maurice Béjart" s’égosille une jeune comédienne pétrie d’admiration pour "le plus grand chorégraphe du vingtième siècle" et sa Messe pour un temps présent qui marqua l’histoire de l’événement et dont plusieurs tableaux émaillent le spectacle.
Des scandales et des anecdotes amusantes, des moments marquants comme l’annulation déchirante de l’édition 2003 par Bernard Faivre d’Arcier au terme de longues journées de grève pour défendre le régime de l’intermittence. Ou cette incursion du Living Theater de Julian Beck, Paradise now et son amas de corps nus au Cloître des Carmes et dans les rues de la ville, jusqu’à ce que la police intervienne, en 1968 ! Comment revisiter 77 ans d’histoire, côté plateau et coulisses ? Comment ressusciter les fantômes et faire face au mythe sans être écrasé par lui ? Par la finesse, par l’humour, et avec la fraîcheur de leurs (à peine plus de) vingt ans. Petit regret tout de même : si cette évocation sensible et réjouissante fera le régal de tous les connaisseurs du sacro-saint rendez-vous (et il y en a beaucoup dans les gradins) elle peut perdre en route les moins aguerris…
Des scandales et des anecdotes amusantes, des moments marquants comme l’annulation déchirante de l’édition 2003 par Bernard Faivre d’Arcier au terme de longues journées de grève pour défendre le régime de l’intermittence. Ou cette incursion du Living Theater de Julian Beck, Paradise now et son amas de corps nus au Cloître des Carmes et dans les rues de la ville, jusqu’à ce que la police intervienne, en 1968 ! Comment revisiter 77 ans d’histoire, côté plateau et coulisses ? Comment ressusciter les fantômes et faire face au mythe sans être écrasé par lui ? Par la finesse, par l’humour, et avec la fraîcheur de leurs (à peine plus de) vingt ans. Petit regret tout de même : si cette évocation sensible et réjouissante fera le régal de tous les connaisseurs du sacro-saint rendez-vous (et il y en a beaucoup dans les gradins) elle peut perdre en route les moins aguerris…
Nedjma Van Egmond
Dans le IN
Avignon, une école, conception et mise en scène Fanny de Chaillé, avec Eve Aouizerate, Martin Bruneau, Lunas Desmeules, Mehdi Djouad, Hugo Hamel, Maëlle Héritier, Araksan Laisney, Liona Lutz, Mathilde Lyon, Elisa Oliveira, Adrien Pierre, Dylan Poletti, Pierre Ripoll, Léo Zagagnoni, Kenza Zourdani.
Cloître des Célestins, jusqu’au 12 juillet
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