Clément Poirée, directeur de la Tempête à la Cartoucherie

Clément Poirée a fait tout son parcours théâtral à la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes après un stage auprès de Philippe Adrien qui a dirigé le théâtre de 1996 à 2016. Il y a trois ans, il lui a succédé et s’attache à proposer chaque saison une pluralité d’esthétiques aux spectateurs.  


Vous êtes presque naturellement devenu directeur de la Tempête à la suite de Philippe Adrien…
Oui parce que je me suis construit petit à petit ici. Je n’ai pas fait de formation théâtrale et je suis arrivé à la Tempête très jeune homme à l’occasion d’un stage de mise en scène alors que je n’avais vu aucun spectacle de ma vie. J’ai été instantanément happé. Par le théâtre mais sans doute aussi par la Cartoucherie parce que c'est un endroit qui permet de vivre pleinement la pratique du théâtre. Je suis devenu l’assistant de Philippe Adrien. J'ai joué mes premiers spectacles ici tout en continuant à travailler avec lui. C’est l’endroit qui me résume le mieux.

Comment avez-vous développé une identité artistique ?
Toujours auprès de Philippe Adrien. Ça tient beaucoup à sa personnalité ; il laisse énormément de liberté d'expression y compris à l'intérieur de ses spectacles. Et moi je copiais et volais tout ce qui pouvait m'intéresser. 

Diriez-vous que la Tempête est un laboratoire ?
Il y a cet aspect puisqu’on est très libre dans notre façon de travailler et la situation du lieu au milieu des bois favorise ça : on est isolé, on reste ensemble, on mange ensemble et on est entouré d'autres théâtres qui fonctionnent pareil. Tout ça contribue à en faire un endroit d'expérimentation et de recherche extrêmement riche. Mais la recherche ne se fait pas qu’en répétition, en très grande partie, elle se fait au moment de la représentation. On travaille pour jouer, pour toucher un public d'une manière ou d'une autre, l'émouvoir, le déplacer en le faisant rire, en le questionnant. Ici, on a quand même plus de 300 représentations par saison. 

Cette année, y -t-il une thématique qui se dégage de la programmation ?
J’aime bien envisager chaque saison comme une promenade complète. On est un théâtre très pluriel dans les esthétiques des troupes qu'on accueille et par conséquent on a des publics différents. Mon rêve c'est d'imaginer qu'un spectateur aille d'un spectacle à l’autre tout au long de la saison. Alors je ne me soucie d’aucune thématique préétablie dans mon travail de programmation mais après coup, on se rend compte qu'il y a des choses qui poussent que ce soit cette année avec A l'abordage, Les pièces manquantes, Hamlet, ou Alabama Song… il y a comme une lutte entre les forces morbides et celles de vie qui s'affirme très fort. C’est très important de laisser la place aux forces de vie. Et ça dépasse la question de la jeunesse à travers une recherche de l'équilibre entre nos énergies vitales, violentes… Ça tombe bien pour un théâtre qui s’appelle la Tempête.

Propos recueillis par Hélène Chevrier


Pratique


THEATRE DE LA TEMPETE
Route du Champ de Manoeuvre
75012 Paris


Information : 
01 43 28 36 36 


Site internet :

la-tempete.fr