Critique In - Brel - La valse à mille pour cent

Redécouvrir Jacques Brel sous les étoiles de la Carrière de Boulbon, c’est s’offrir un voyage sensoriel et poétique d’une rare intensité. Le spectacle BREL, interprété et chorégraphié par Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte, réveille la puissance intemporelle du répertoire du chanteur belge. Quel plaisir que de redécouvrir la richesse poétique, tantôt tendre, tantôt rageuse, de toutes ces chansons gravées dans notre mémoire collective. La rencontre artistique entre les deux danseurs apporte une dimension supplémentaire au spectacle. Figure majeure de la danse contemporaine, Anne Teresa De Keersmaeker insuffle à la chorégraphie une rigueur technique et une élégance classique qui dialoguent à merveille avec l’explosivité et la fougue du breaker français Solal Mariotte. Leur complicité sur scène est palpable : elle canalise l’énergie brute de son partenaire, lui offrant un cadre où sa vitalité peut s’exprimer sans jamais se perdre. Ensemble, ils tissent un équilibre subtil entre tradition et modernité, précision et abandon, faisant vibrer la poésie de Brel d’une intensité nouvelle. La Carrière de Boulbon, avec ses parois monumentales, devient alors un écrin onirique. Les ombres des danseurs virevoltants se projettent sur la roche et, sous les étoiles, le public, suspendu, assiste à la métamorphose de la poésie en mouvement, dans un ballet d’ombres et de lumière à la puissance hypnotique. Ce soir Brel est revenu, incandescent, dans la beauté brute du geste et du verbe.