critique - L'Oiseau vert, féerie burlesque - (28/05/18)

Une reine enterrée sous un évier, deux enfants jetés au fleuve, un philosophe changé en statue et un prince charmant métamorphosé en oiseau vert… Le ton est donné : ce sera celui du conte et de la farce féerique. Laurent Pelly apporte ici une suite à L'Amour des Trois Oranges en se saisissant de la fable de Carlo Gozzi dans une version très actuelle et vive, traduite par Agathe Mélinand, créée à Toulouse en 2014. Les lazzi, ces improvisations bouffonnes de l’époque, sont bien restituées et les mots sonnent parfois comme des vers au cœur de la prose fleuve de cette longue pièce. On redevient enfant devant ce théâtre fait de costumes, de marionnettes, de surprises visuelles au cœur d’une scénographie simple, bien que colossale à manipuler. Il y a cette immense ondulation colorée d’où naissent des villes, des palais, et sur laquelle des ciels articulent leur machinerie de nuages. Ça monte, ça descend, ça tourne, le plateau joue à plein. Une créativité signée Pelly, tout comme la direction dramatique de ces comédiens qui courent, roulent et glissent dans leur espace de jeu. Le propos lève les rires de la salle, particulièrement lors des apparitions truculentes de Marilú Marini. On est ici dans le burlesque, l’irrévérencieux – au risque de quelques longueurs au cours de ces 2h20 un peu bavardes. De cette mythologie délirante et folle à l’interprétation exemplaire on ressort comme d’un rêve, étonné de désordres et de logiques irréelles.
 
François Varlin

L’Oiseau vert, de Carlo Gozzi. Traduction Agathe Mélinand. Mise en scène, décors et costumes Laurent Pelly. Avec : Pierre Aussedat, Georges Bigot, Sabine Zovighian, Emmanuel Daumas, Nanou Garcia, Eddy Letexier, Régis Lux, Olivier Augrond, Marilú Marini, Jeanne Piponnier, Antoine Raffalli, Fabienne Rocaboy.
Théâtre de la Porte Saint Martin – 18, Bd Saint-Martin, Paris X°, 01 42 08 00 32
jusqu'au 17 juin


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