Au Blanc-Mesnil, un théâtre tout 9 - (14/11/15)
Exit le Forum du Blanc-Mesnil, et place maintenant au Théâtre 9. Tayeb Belmihoub, le nouveau directeur des Affaires Culturelles de la ville, veut rendre le lieu aux Blanc-Mesnilois. Pour eux, il invente la carte culture illimitée à moins de 10 euros…
Théâtral magazine : Que s’est-il passé avec le Forum du Blanc-Mesnil ?
Tayeb Belmihoub : Il y avait ici une attente par rapport aux mutations de la population. Or, on avait le sentiment que l’expression culturelle se limitait exclusivement au cadre de la scène conventionnée, très qualitatif par ailleurs, puisqu'il permettait le soutien à la création contemporaine. Mais ce qui était pertinent il y a 40 ans l'est peut-être un peu moins aujourd'hui. On a la nécessité d'actualiser les choses. Surtout quand on ne rencontre plus le public et qu'on est en décalage par rapport à ce qu'on peut espérer faire. Comme c’était très compliqué de modifier le cahier des charges de la convention, on a choisi de partir sur un nouveau projet. Les scènes conventionnées étant essentiellement financées par les collectivités locales, il a suffi qu’elles arrêtent de financer pour que l'État qui intervient à hauteur de 15 ou 20% se retire aussi du jeu.
Théâtral magazine : Que s’est-il passé avec le Forum du Blanc-Mesnil ?
Tayeb Belmihoub : Il y avait ici une attente par rapport aux mutations de la population. Or, on avait le sentiment que l’expression culturelle se limitait exclusivement au cadre de la scène conventionnée, très qualitatif par ailleurs, puisqu'il permettait le soutien à la création contemporaine. Mais ce qui était pertinent il y a 40 ans l'est peut-être un peu moins aujourd'hui. On a la nécessité d'actualiser les choses. Surtout quand on ne rencontre plus le public et qu'on est en décalage par rapport à ce qu'on peut espérer faire. Comme c’était très compliqué de modifier le cahier des charges de la convention, on a choisi de partir sur un nouveau projet. Les scènes conventionnées étant essentiellement financées par les collectivités locales, il a suffi qu’elles arrêtent de financer pour que l'État qui intervient à hauteur de 15 ou 20% se retire aussi du jeu.
En quoi consiste le nouveau projet du Théâtre 9 ?
Toucher par le vivant. C’est à dire que tout ce qui permet de rendre une terre fertile où peuvent s'élever les consciences est bon : que ce soit le sport, la danse, le théâtre, la musique, ou la cuisine. Donc on est en train d'effondrer les murs pour rendre le lieu vivant. On va jouer des spectacles dehors, dans le parc immense qui est à côté, on va impliquer le conservatoire et investir les marchés... J'ai envie qu’un violon devienne un instrument normal et pas quelque chose que l'on regarde de façon étrange.
Est-ce que cela veut dire que vous voulez que le théâtre soit fréquenté par les habitants du Blanc-Mesnil ?
C'est certain. Avant, il y avait un public du Blanc-Mesnil très discrétionnaire et beaucoup de public en provenance de la région parisienne. On affrétait même des navettes pour cela. Et c’est plutôt une bonne chose parce que quand on fait venir l'orchestre Les Siècles, on attend un certain public. J'ai demandé de faire une programmation par trimestre pour garder de la souplesse dans l’accueil de nouveaux spectacles.
Le théâtre est entouré d’écoles. Une aubaine. Comment allez-vous attirer le public ?
C'est en train de se mettre en place. J’ai la chance d'avoir un adjoint au maire et un maire qui me laissent vraiment toute latitude. Début 2016, on offre la possibilité aux blanc-mesnilois de prendre une « carte culture illimitée », toute la culture de la ville en illimité ! Avec cette carte, pour moins de 10 € par mois, nos publics vont pouvoir aller de façon illimitée au théâtre, au cinéma et au concert…. Ce sera une première en France voire en Europe. Il va vraiment falloir que le public trouve une bonne raison de ne pas prendre cette carte ! Et pour les familles, seul le premier enfant paiera une carte, qui sera valable pour tous les autres, quel que soit leur nombre ! Notre but, c’est que les lieux culturels redeviennent vivants.
La programmation du Théâtre 9 présente une première saison foisonnante où se mêlent cirque, théâtre, marionnettes, danse et questions environnementales… Comment a été conçue cette première programmation ?
Cette année, on aura de la danse, de la musique, du cirque, du théâtre, des stages pendant les vacances scolaires et beaucoup d’activités à l’extérieur avec des écoles et des associations. Quatre compagnies amies nous accompagnent : celle de la comédienne, plasticienne et metteuse en scène Eleonora Marino (EM Théâtre) qui a conçu un « Arbre à Pâtes » dans le parc de la ville, expose une pyramide culinaire pour symboliser nos continents poubelles, joue ses spectacles « Bon comme le Pain » et « Cooking Religion – la cuisine comme identité », les circassiens du fil de soie qui animent des stages d’initiation au cirque et propose ses spectacles, la compagnie marseillaise de body percussion Décaléou pour son spectacle « Reetmic.fr » et des ateliers de Body percussions qui sont déjà complets ! Enfin, Dychka & Compagnie, avec une exposition de marionnettes, la création d’un Castelet dans le Parc et des spectacles sur Guignol… Pour inciter les gens à venir nous découvrir, on a mis de la couleur sur le théâtre. Il faut que les choses soient joyeuses !
Y’a d’la Joie ! C’est le thème de votre saison.
C’est une saison test pour nous. On attend de rencontrer le public pour voir comment il va réagir à ce qu’on lui propose. C’est important parce qu’on a présenté au maire un projet sur trois ans. La première, on lance les choses. La deuxième, on équilibre et la troisième, je pense qu'on aura trouvé un rythme de croisière.
Il y a de la joie mais en même temps des préoccupations très actuelles : vous présentez un certain nombre de spectacles en rapport avec l’environnement qui résonnent particulièrement à l’approche de la COP 21 (voir le dossier consacré à la COP 21 du numéro 56 actuellement en kiosques).
Il a été programmé « Nous sommes formidables » de Rémy Boiron, artiste Coup de Cœur de la saison, dans lequel il explique la création du monde depuis le big-bang jusqu'à nos jours avec une tendresse et une humanité, un sens des mots et une conscience de l’état environnemental du monde. Il y a aussi « Voyage au centre de la terre » d’après le roman de Jules Verne, en ciné-Théâtre en 3D avec lunettes spéciales, unique au monde ! Enfin, un voyage en mer avec Isabelle Autissier, « Une nuit la mer »…Qu’elle nous conte en musique !
Vous présentez même une exposition sur l’Antarctique depuis que le Blanc-Mesnil est devenu « 6ème district des TAAF » (Terres Australes et Antarctiques Françaises), par une convention tripartite TAAF/IPEV (Institut Polaire Français)/LE BLANC-MESNIL en juin dernier ?
C’est une première en France et même dans le monde, qu’une ville de banlieue parisienne devienne un District des TAAF ! Notre rôle est de faire connaître les terres australes et antarctiques, ce que nous faisons à travers cette magnifique exposition, des ateliers scientifiques pour plus de 3000 enfants du Blanc-Mesnil (du 16 au 21 novembre), un carrefour des métiers polaires pour inciter les jeunes gens à rêver de partir en Antarctique comme boulanger, plombier, menuisier ou scientifique ! L’exposition se terminera en même temps que la COP 21. A travers ces actions, nous souhaitons sensibiliser les jeunes à l’environnement et faire passer le message que l’on peut, tous, faire des choses formidables et vivre de vraies aventures à travers la culture, les sciences, le travail manuel, les études, le sport… A condition d’accepter d’aller à la découverte, à condition d’être curieux, à condition de croire simplement que c’est possible !
Propos recueillis par Hélène Chevrier
Théâtre 9, 5 place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil, 01 45 91 93 93
facebook : culturelbm
> Nous sommes formidables, de et par Rémy Boiron, le 17/11
> Voyage au centre de la Terre, d’après Jules Verne, le 19/11
> Une nuit la mer, avec Isabelle Autissier et Pascal Ducourtioux, le 21/11
Réserver > Voyage au centre de la Terre, d’après Jules Verne, le 19/11
> Une nuit la mer, avec Isabelle Autissier et Pascal Ducourtioux, le 21/11